La charité, c’est avant tout l’amour du prochain. Dieu nous aime et il attend de nous qu’on aime l’autre comme soi-même. Etre charitable, ce n’est pas seulement donner des vêtements, de la nourriture, de l’argent, etc. C’est aussi donner son temps, savoir écouter et supporter, avoir le sens profond d’autrui et pouvoir répondre généreusement, dans la mesure du possible, à ses cris aussi bien sonores que silencieux.
Au quotidien, je vis la charité quand j’essaie d’être à l’écoute de mes proches, de mes amis, des inconnus, de tout le monde. Se savoir écouté est réconfortant. La charité, c’est l’expression de l’amour de Dieu et du prochain. Cet amour suppose un pas vers l’autre dans une démarche de solidarité et de partage.
Au nom de la charité, nous sommes toujours appelés à dépasser les différences et les apparences. La charité nous donne l’élan nécessaire pour aller vers l’autre, même quand la différence de sa classe sociale, de sa culture, de son origine ou de son apparence peut nous repousser. Cela se traduit par un dialogue fraternel et une écoute qui peuvent préparer un vivre ensemble indispensable pour la vie sociale.
Ce faisant, on est sensible à la présence de l’autre, qui nous invite à partager ce qui est important pour lui, ses joies comme ses peines!
MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS À L’OCCASION DE LA XXVIIIe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2020
11 février 2020
« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau,
et moi je vous soulagerai » (Mt 11, 28)
Chers frères et sœurs,
1. Les paroles que Jésus prononce : « Venez à moi, vous tous qui
peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 11,
28) indiquent le mystérieux chemin de la grâce qui se révèle aux simples
et qui offre un soulagement à ceux qui peinent et qui sont fatigués.
Ces mots expriment la solidarité du Fils de l’homme, Jésus-Christ, face à
une humanité affligée et souffrante. Que de personnes souffrent dans
leur corps et dans leur esprit ! Il appelle tous les hommes à aller vers
lui, « venez à moi », et il leur promet soulagement et repos. « Quand
Jésus dit cela, il a face à lui les personnes qu’il rencontre chaque
jour sur les routes de Galilée : tant de gens simples, pauvres, malades,
pécheurs, exclus par le poids de la loi et du système social
oppressif… Ces personnes l’ont sans cesse poursuivi pour écouter sa
parole – une parole qui donnait l’espérance » (Angélus, 6 juillet 2014).
En cette XXVIIIème Journée Mondiale du Malade, Jésus adresse son
invitation aux malades et aux opprimés, aux pauvres qui savent bien
qu’ils dépendent entièrement de Dieu et qui, blessés par le poids des
épreuves, ont besoin de guérison. Jésus-Christ, n’impose pas de lois à
ceux qui vivent l’angoisse de leur propre situation de fragilité, de
douleur et de faiblesse, mais il offre sa miséricorde, c’est-à-dire sa
personne qui les réconforte. Jésus regarde l’humanité blessée. Lui, il a
des yeux qui voient, qui s’aperçoivent, car ils regardent en
profondeur. Il ne s’agit pas d’un regard rapide et indifférent, mais qui
s’attarde et accueille tout l’homme, tout homme, dans sa condition de
santé, sans écarter personne, mais en invitant chacun à entrer dans sa
vie pour faire une expérience de tendresse.
2. Pourquoi Jésus-Christ nourrit-il ces sentiments ? Parce qu’il
s’est fait faible lui-même, faisant ainsi l’expérience de la souffrance
humaine et recevant à son tour le réconfort du Père. De fait, seul celui
qui fait personnellement cette expérience saura être un réconfort pour
l’autre. Il existe diverses formes graves de souffrance : les maladies
incurables et chroniques, les pathologies psychiques, celles qui
nécessitent de la rééducation ou des soins palliatifs, les divers
handicaps, les maladies de l’enfance et de la vieillesse… Dans ces
circonstances, on ressent parfois un manque d’humanité et il apparaît
alors nécessaire de personnaliser l’approche à l’égard du malade, non
plus seulement en soignant mais aussi en prenant soin, pour une guérison
humaine intégrale. Lorsqu’elle est malade, la personne ressent que, non
seulement son intégrité physique est compromise, mais aussi ses
dimensions relationnelle, intellectuelle, affective et spirituelle. Elle
attend donc, en plus des thérapies, un soutien, une sollicitude, une
attention… en somme, de l’amour. En outre, aux côtés du malade, il y a
une famille qui souffre et qui demande, elle aussi, réconfort et
proximité.
3. Chers frères et sœurs malades, la maladie vous place d’une façon
toute particulière parmi ceux qui sont « fatigués et opprimés », ceux
qui attirent le regard et le cœur de Jésus. C’est de là que vient la
lumière pour vos moments d’obscurité, l’espérance pour votre réconfort.
Il vous invite à aller à lui : « Venez ». En lui, en effet, les
inquiétudes et les interrogations qui surgissent en vous, dans cette “
nuit ” du corps et de l’esprit, trouveront de la force pour être
traversées. Certes, le Christ ne nous a pas donné de recettes, mais,
par sa passion, sa mort et sa résurrection, il nous libère de
l’oppression du mal.
Dans votre condition, vous avez certainement besoin d’un lieu pour
vous réconforter. L’Église veut être toujours davantage et toujours
mieux l’“ auberge ” du bon Samaritain qu’est le Christ (cf. Lc 10, 34), à
savoir la maison où vous pouvez trouver sa grâce, qui s’exprime par la
familiarité, l’accueil, le soulagement. Dans cette maison, vous pourrez
rencontrer des personnes qui, guéries par la miséricorde de Dieu dans
leur fragilité, sauront vous aider à porter la croix en faisant de leurs
propres blessures des ouvertures par lesquelles regarder l’horizon
au-delà de la maladie et recevoir la lumière et l’air pour votre vie.
C’est dans cette œuvre de réconfort envers les frères malades que se
situe le service du personnel de santé, médecin, infirmiers, agents
sanitaires et administratifs, aides-soignants et volontaires qui, par
leur compétence, agissent en faisant sentir la présence du Christ, qui
offre sa consolation et se charge de la personne malade en soignant ses
blessures. Mais, eux aussi, sont des hommes et des femmes, avec leurs
fragilités et leurs maladies. Pour eux, en particulier, s’applique ce
propos selon lequel « une fois que nous avons reçu le repos et le
réconfort du Christ, nous sommes appelés à notre tour à devenir repos et
réconfort pour nos frères, avec une attitude douce et humble, à
l’imitation du Maître » (Angélus, 6 juillet 2014).
4. Chers agents du monde de la santé, toute intervention
diagnostique, préventive, thérapeutique, de recherche, de soin et de
rééducation, s’adresse à la personne malade, où le substantif “ personne
” prime toujours sur l’adjectif “ malade ”. Par conséquent, votre
action doit tendre constamment à la dignité et à la vie de la personne,
sans jamais céder à des actes de nature euthanasiste, de suicide assisté
ou de suppression de la vie, pas même quand le stade de la maladie est
irréversible.
Dans l’expérience de la limite et même de l’échec possible de la
science médicale face à des cas cliniques toujours plus problématiques
et à des diagnostics funestes, vous êtes appelés à vous ouvrir à la
dimension transcendante, qui peut vous offrir le sens plénier de votre
profession. Rappelons que la vie est sacrée, qu’elle appartient à Dieu
et, par conséquent, qu’elle est inviolable et qu’on ne peut en disposer
(cf. Instr. Donum vitae, n. 5 ; Enc. Evangelium vitae, n. 29-53). La vie
doit être accueillie, protégée, respectée et servie, de la naissance à
la mort : c’est à la fois une exigence tant de la raison que de la foi
en Dieu auteur de la vie. Dans certains cas, l’objection de conscience
est pour vous le choix nécessaire pour rester cohérents au “ oui ” à la
vie et à la personne. En tout cas, votre professionnalisme, animé par la
charité chrétienne, sera le meilleur service rendu au vrai droit
humain : le droit à la vie. Quand vous ne pouvez pas guérir, vous pouvez
toujours soigner grâce à des gestes et à des procédures qui apportent
soulagement et réconfort au malade.
Hélas, dans certains contextes de guerre et de conflit violent, le
personnel de santé et les structures qui s’occupent de l’accueil et de
l’assistance des malades sont pris pour cibles. Dans certaines zones, le
pouvoir politique aussi prétend manipuler l’assistance médicale en sa
faveur, limitant la juste autonomie de la profession sanitaire. En
réalité, attaquer ceux qui se consacrent au service des membres
souffrants du corps social ne profite à personne.
5. En cette XXVIIIème Journée Mondiale du Malade, je pense aux
nombreux frères et sœurs qui, dans le monde entier, n’ont pas la
possibilité d’accéder aux soins, parce qu’ils vivent dans la pauvreté.
Je m’adresse donc aux institutions sanitaires et aux Gouvernants de tous
les pays du monde, afin qu’ils ne négligent pas la justice sociale au
profit de l’aspect économique. Je souhaite qu’en conjuguant les
principes de solidarité et de subsidiarité, il soit possible de coopérer
pour que tous aient accès aux soins appropriés pour sauvegarder et
retrouver la santé. Je remercie de tout cœur les volontaires qui se
mettent au service des malades, en allant souvent suppléer les carences
structurelles et en reflétant, par des gestes de tendresse et de
proximité, l’image du Christ bon Samaritain.
Je confie à la Vierge Marie, Santé des malades, toutes les personnes
qui portent le poids de la maladie, avec leurs familles, ainsi que tous
les personnels de santé. Je vous assure que je suis proche de vous tous
dans la prière et je vous envoie de grand cœur la Bénédiction
apostolique.
Du Vatican, le 3 janvier 2020, Mémoire du Saint Nom de Jésus.